Témoignage

Publié le par loisal

Le Tchad dans ses 1.284.000 km² vient de faire ses premiers pas parmi les pays producteurs de pétrole. Et pourtant, depuis son existence, c’est un pays à vocation agricole à presque 70% et pastoral à 55-60%. Quand ces deux dominent, cela veut dire que le produit intérieur brut (P.I.B) vient directement de la base et donc que la masse paysanne est le pilier de l’économie nationale.

Mais, il s’avère que cette couche souffre amèrement parce qu’elle est presque sans voix ni voie. Pire encore, l’épineux problème du « conflit agriculteur - éleveur » vient scinder cette couche en deux sous couches, l’une superposée à l’autre. Et comme un malheur ne vient jamais seul, s’ajoute à ce problème un virus du type « Interdiction formelle de consommer du charbon de bois ainsi que la saisie du bois de chauffe ».

Alors où va le Tchad ? Cette dernière décision, tombée comme une manne du ciel du temps de Moïse, a enlevé l’envie de vivre sur cette terre des tchadiens qui vivent encore sous le seuil de la pauvreté.

Pour l’instant, je préfère narrer dans le vif de ce qui me tient à cœur. C'est-à-dire le « conflit agriculteur – éleveur ». Dans les années précédant l’indépendance jusqu’en 1979, par rapport à l’histoire du pays et à ce que j’ai vu de mes propres yeux, les agriculteurs et les éleveurs vivaient comme des frères en Christ. La cohabitation était parfaite.
Mais, la politique, comme un sursaut, a semé de l’identitarisme dans les années 1979 surtout le 10 février 1979, avec la guerre civile. Cette mauvaise herbe a grandie vite sur une terre très fertile et voilà les inconvénients : un climat de haine, de domination, de méfiance et de mépris s’est étendu sur le Tchad. Cela s’est développé comme le noyau d’un être unicellulaire dans l’esprit des deux communautés sœurs et voilà…
A partir des années 1984 à nos jours, c’est devenu un cancer très difficile à guérir. Dans les villages et les cantons de la zone méridionale, des cas de meurtres, des bagarres et des arrestations arbitraires sont monnaie courante. On peut recenser cinq à dix cadavres par jours, dix à quinze cas de bagarre, et un nombre incalculable de jugement et arrestations illégales. Ces arrestations sont devenues un « gagne pain » facile pour les force de l’ordre (gendarme et policier).
Ce conflit agriculteur – éleveur est entretenu du haut, si bien que c’est difficile de remédier à l’absence d’une prise de conscience. Et à ce problème vient s’en ajouter d’autre qui sont :
- surpâturage dans les zones agricoles sous prétexte que le désert avance à grand pas.
- 80% des têtes de bétail dans cette zone, appartiennent aux autorités administratives et militaires qui sont intouchables.
- Et comme le conflit « Nord – Sud » est omniprésent, finalement il devient très difficile d’ y voir clair.

En tout cas « il n’est jamais trop tard si la vie se prolonge », alors il y a des foyers de médiations qui naissent et dont les effets sont attendus à l’horizon. Des O.N.G ont tenté de mettre sur pied des foyers de médiation pour apporter un plus à ce mal qui gangrène une partie du pays depuis des décennies. Je peux citer EIRENE-Tchad (une ONG Allemande) qui a mis en place le volet M.E.C (médiation agriculteur éleveur) ; Justice et paix qui a sorti plusieurs articles sur la médiation ainsi que beaucoup d’autres bonnes volontés. En somme, pour ceux qui de loin ou de près pensent que le conflit est définitivement enterré, ce n’est qu’une illusion. Ils ne sont pas arrivés corps et âmes sur le lieu du drame. Ce conflit est loin de toucher à sa fin si la politique va toujours à l’encontre de sa conscience. Soyons ensemble, « la tête et la base », pour chercher à canaliser ce problème vers la poubelle afin que nos esprits et nos cœurs pensent à autre chose de meilleur pour un Tchad prospère.

Alla - Ndila
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